Article N° 7989

TÉLÉPHONE PORTABLE

Téléphones portables et tumeurs cérébrales : une relation toujours incertaine

ABDERRAHIM DERRAJI - 15 décembre 2024 19:54

L’usage très répondu des téléphones portables, avec 8,6 milliards d’appareils en circulation à travers le monde, suscite des interrogations récurrentes sur leurs effets sur la santé, notamment leur potentiel cancérigène via les champs électromagnétiques de radiofréquences (RF-EMF). Malgré de nombreuses études, les preuves restent contradictoires et insuffisantes pour établir un lien clair entre ces ondes et l’apparition de tumeurs cérébrales.

 

En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les RF-EMF comme «potentiellement cancérigènes» (catégorie 2B) en raison de preuves limitées. Cependant, les biais méthodologiques et les approximations dans l’évaluation de l’exposition ont décrédibilisé les conclusions du CIRC. Depuis, chaque évolution technologique des téléphones relance le débat, mais les études actuelles peinent à trancher.

 

Cosmos, une cohorte internationale de 250.000 participants, a été conçue pour pallier les limites des précédentes études. Avec un suivi médian de 7 ans, elle n’a trouvé aucune association significative entre l’utilisation prolongée et intense du téléphone portable et l’apparition de tumeurs cérébrales (gliome, méningiome, neurinome de l’acoustique). Par exemple, pour les utilisateurs dépassant 1.908 heures cumulées, le risque de gliome reste comparable à celui des non-utilisateurs.

 

Une récente revue systématique et méta-analyse de 63 études confirme ces observations. Elle conclut que l’exposition aux RF-EMF, qu’elle soit liée aux téléphones portables, à des émetteurs fixes ou à des usages professionnels, n’est pas associée à un risque accru de gliome, méningiome, neurinome de l’acoustique, ou autres tumeurs cérébrales, même après une utilisation prolongée.

 

Contrairement à l’analyse du CIRC, cette revue systématique repose sur des critères d’inclusion plus rigoureux et des données plus récentes, notamment 13 études publiées depuis 2012. Si les études initiales reposaient sur des données souvent indirectes ou peu fiables, cette approche systématique améliore la précision des estimations et réduit les biais.

 

Bien que les résultats actuels n’indiquent aucun lien de causalité entre l’utilisation des téléphones portables et les tumeurs cérébrales, des incertitudes subsistent. Les biais potentiels, les distorsions individuelles et l’impact de nouvelles technologies, comme la 5G, nécessitent des investigations supplémentaires. Les futures études devront intégrer ces avancées pour offrir une vision plus complète.

 

Pour conclure, les preuves actuelles tendent à rassurer quant à l’utilisation des téléphones portables, mais les chercheurs appellent à une vigilance continue, notamment avec l’émergence des technologies de communication de prochaine génération.

Source : UNIVADIS